Aperçu historique

conrart.jpg
En 1629, neuf personnalités décidèrent de se rencontrer, une fois par semaine, chez l’une d’elles, Valentin CONRART ; son domicile parisien s’imposait comme le plus central et le plus facile d’accès.

Le maître de maison Conseiller-Secrétaire du Roi, calviniste et petit-fils de calviniste persécuté pour ses convictions religieuses était d’une nature réservée et avait toutes les qualités nécessaires pour devenir à la fois le confident de tous et le secrétaire de la compagnie naissante. Il occupera ce poste pendant quarante et un ans jusqu’à sa mort survenue à l’âge de soixante-douze ans.

Le cardinal de Richelieu, sensible à la gloire sous toutes ses formes, voulut prendre sous sa protection ces intellectuels pour les lier à sa fortune.

Le cardinal de Richelieu demanda que les statuts, rédigés par les intéressés soient soumis à son approbation, que le nombre des membres soit porté à quarante et que le choix indépendant de la naissance, de la fortune et de la situation acquise ne prenne que le talent en considération.

 

seguier.jpg
La première assemblée ayant fait l’objet d’un compte rendu signé par Conrart date du 13 mars 1634. Le nom « Académie française » a été adopté huit jours plus tard. Les membres se sont nommés « académistes », puis « académiciens » à partir du 12 février 1635. Ils devaient se préoccuper de la pureté de la langue et la rendre capable de la plus haute éloquence.

Le garde des Sceaux, Pierre SÉGUIER, duc de Villemoze, scella les lettres patentes justifiant la constitution de l’Académie le 4 décembre 1634, huit ans jour pour jour avant le décès du Cardinal. Leur enregistrement par le parlement de Paris n’intervint que le 31 juillet 1637, après de longues discussions qui prouvent que cette cour souveraine de justice craignait de partager ses pouvoirs.
En parlant des premiers académiciens, Edmond ROSTAND a écrit dans Cyrano : « Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c’est beau ! ».
Cependant, de ces premiers nés datant du protectorat de Richelieu, on ne retiendra que les cinq noms suivants, ce qui représente encore un pourcentage très honorable :

• Valentin CONRART, l’une des figures les plus intéressantes de son temps ;

• Jean CHAPELAIN, arbitre de la langue française, considéré comme le successeur de MALHERBE, il a posé la règle des trois unités de temps, de lieu et d’action ;

• Le Sieur de VAUGELAS, excellent grammairien, surnommé « le Greffier de l’usage », il travailla au dictionnaire pendant quinze ans.

• Pierre SÉGUIER, Président à mortier du parlement de Paris et garde des Sceaux en 1633, le membre le plus important de cette époque de Louis XIII, devint le protecteur en 1642 et le restera pendant trente ans avant que « Ce corps libre composé des premiers seigneurs du royaume et des premiers écrivains fut en état d’avoir d’autre protecteur que le roi », a dit VOLTAIRE.

• Olivier PATRU qui prononça un très beau remerciement le jour où il vint rejoindre ses collègues inaugurant la magnifique tradition toujours respectée.

 

En 1654, lors de son décès, le Sieur de BALZAC fit à l’Académie le premier legs de son histoire, proposant la création d’un prix d’éloquence.

Trente-neuf élections eurent lieu pendant le protectorat de SÉGUIER. Parmi ces nouveaux élus, il faut citer :

• Pierre CORNEILLE, le plus grand de nos auteurs tragiques, élu lors de sa troisième candidature.

• Antoine FURETIÈRE, célèbre pour sa querelle avec l’Académie au sujet de son Dictionnaire, exclu le 22 janvier 1685, mais remplacé seulement après sa mort.

• Jean-Baptiste COLBERT, véritable protecteur de l’Académie sans en avoir le titre, fonda l’Académie des inscriptions, celle de peinture, sculpture et architecture, enfin l’Académie des sciences.

• Jacques-Bénigne BOSSUET, évêque de Condom, précepteur du Dauphin, à la fois théologien, prédicateur, philosophe et historien de grand talent, élu et reçu dans la Compagnie moins d’un mois après avoir écrit sa lettre de candidature, ce qui est un record.

• Charles PERRAULT, frère de l’architecte Claude, dont le discours de remerciement prononcé le 23 novembre 1671, eut un tel succès que l’Académie décida de rendre publiques les séances de réception ; il prit part à la fondation de l’Académie des Beaux-Arts.

 

coislin.jpg
À partir du 16 février 1643, l’Académie française tint ses séances en l’hôtel de son protecteur.

Deux faits notables marquent cette période ; d’abord le 11 mars 1658, la première visite d’une personnalité de sang royal, celle de la reine CHRISTINE de Suède qui tient à montrer tout l’intérêt qu’elle porte aux lettres ; ensuite une élection singulière, celle du duc de COISLIN reçu à seize ans et demi.