Dire, ne pas dire

Pressuriser pour Pressurer

Le 8 février 2019

Extensions de sens abusives

Les verbes pressurer et pressuriser sont des paronymes et il n’y a que ces deux lettres -is- qui les distinguent l’un de l’autre. Voilà pour la forme. Il n’en va pas de même pour leur sens, même si cette proximité fait que l’on emploie parfois l’un pour l’autre et que, in fine, ils ont un ancêtre commun, le latin premere, « presser, écraser ». Ces deux verbes se différencient aussi par sept siècles d’existence. Pressurer, qui est dérivé de pressoir, date du xiiie siècle et signifie d’abord « presser des fruits ou des grains pour en extraire du jus ou de l’huile ». Par extension, et dans un sens défavorable, il signifie aussi « tirer d’une personne tout ce qu’elle peut donner ». Dans ses souvenirs d’enfance, Renan écrit que « la fortune ne s’acquiert qu’en exploitant les autres et en pressurant les pauvres ». Pressuriser apparaît seulement en 1949, appartient à la langue de l’aéronautique et ne s’emploie guère que dans l’expression « cabine pressurisée » ; c’est une transcription de l’anglais to pressurize, un dérivé de pressure, « pression », qui signifie comme lui « maintenir à une pression constante ». Il convient donc de ne pas confondre ces deux verbes, très proches par la forme, mais bien différents pour le sens.

On dit

On ne dit pas

Le roi a pressuré son peuple

Des contribuables pressurés d’impôts

Le roi a pressurisé son peuple

Des contribuables pressurisés d’impôts