Dire, ne pas dire

Patrice G. (France)

Le 7 décembre 2017

Courrier des internautes

Bonjour,

Archéologue et anthropologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), je suis impliqué (enseignements, interventions sur le terrain, recherches etc.) dans les problématiques de recherche de cadavre au profit de la gendarmerie et de la police. Cette discipline est appelée chez nos collègues anglo-saxons « Forensic archaeology ». Est-il possible de le traduire par « Archéologie forensique » ? Il apparaît en effet que le terme « archéologie médico-légale », pourtant utilisé, n’est pas adapté dans la mesure où je ne suis pas docteur en médecine ni ne donne un avis sur les causes de la mort, prérogative du médecin légiste, dans les expertises sur les ossements humains.

Pourriez-vous me donner votre avis sur la question ou me communiquer le service ou les personnes à contacter ?

Dans l’attente de vous lire, je vous prie de croire en l’expression de ma profonde considération.

Patrice G. (France)

L’Académie répond :

Cher Monsieur,

Le terme anglais forensic vient directement du latin forensis : « de la place publique, du forum, judiciaire ». Si forum servit à forger de nombreux termes français tels for, forêt ou forfait, ce ne fut pas le cas de forensis.

Médicolégal est attesté dans notre langue depuis le xviiie siècle. Pour des raisons historiques, l’accent est mis, comme vous le soulignez très justement, sur la médecine. De nos jours, de nombreuses spécialités scientifiques contribuent à la résolution de procédures civiles et pénales.

La Commission d’enrichissement de la langue française, aux travaux de laquelle l’Académie française participe, a proposé des noms de spécialités forgés à partir du terme historique, bien attesté dans l’usage et clair, plutôt que d’adopter un mot dont la morphologie, en français, parait obscure. Une extension du sens classique de médicolégal lui semblait plus naturelle. Ainsi, sur le site France Terme vous trouverez une fiche terminologique pour la chimie médicolégale, qui n’est pas toujours pratiquée par des médecins.

Cela dit, le Petit Robert, dans son édition de 2017, a enregistré forensique, ce qui montre que l’usage évolue. Reste à savoir si ce mot s’implantera durablement.

Cordialement.