Réponse au discours de réception de Joseph Fourier

Le 17 avril 1827

Abel-François VILLEMAIN

Réponse de M. Villemain
au discours de M. Fourier

DISCOURS PRONONCÉ DANS LA SÉANCE PUBLIQUE
le jeudi 17 avril 1827

INSTITUT ROYAL DE FRANCE

     Monsieur,

Jamais on n’a mieux compris que de nos jours combien tous les talents doivent s’entr’aider et s’unir, pour le progrès des connaissances et l’honneur de l’esprit humain. Le discours même que nous venons d’entendre atteste, par un heureux exemple, ce secours mutuel que se donnent tous les travaux de la pensée et cette alliance intime qui les rapproche. Le savant profond s’est montré, sans nous surprendre, habile orateur ; et l’éloge d’un brillant élève de Swift vient d’être tracé, d’une main sûre et légère, par un des héritiers de Newton.

Ne vous étonnez donc pas, Monsieur, que nos suffrages soient allés vous demander à cette illustre compagnie qui vous a choisi pour l’un de ses organes : nous lui rendions, en partie, un hommage qui pouvait tout entier s’adresser à vous ; nous honorons en elle cette élite de talents, à la fois utiles et glorieux, qui, dans la confusion même des troubles civils, ont toujours sauvé la science, l’ont fait servir à la défense et à la grandeur du pays ; maintenant éclairent le commerce, perfectionnent les arts, et forment encore la première société savante du monde, après avoir perdu et Lagrange et Laplace.

Plus contesté par l’injustice, le bienfait des lettres se montre surtout dans ces écrivains, d’un esprit libre et sage, qui se servent du talent pour éclaircir et rendre populaires les vérités sociales.

Voilà, Monsieur, le caractère que vous avez remarqué dans les ouvrages de M. Lémontey. Ce peintre original, et quelquefois satirique, écrivait surtout pour être utile aux hommes. C’est la pensée qui se cache à demi sous les formes spirituelles ou capricieuses dont il amuse ses lecteurs.

Nourri d’études variées, avocat et publiciste, un des travaux de sa jeunesse avait été consacré à la défense des protestants opprimés encore par les lois. Il resta fidèle à ce noble engagement ; il soutint toujours les idées de réforme sociale et d’humanité, l’abolition de l’esclavage, la tolérance religieuse, la liberté civile, l’enseignement populaire, tous ces principes, enfin, que le génie, d’abord, hasarde dans les livres, et que le temps introduit lentement dans les lois.

Plus fait pour la méditation et l’étude que pour les orages de la vie publique, M. Lémontey, cependant, ne se montra pas sans distinction dans cette assemblée législative qui, pressée entre toutes les théories et toutes les violences, disparaît elle-même et s’efface devant la grandeur de ce qui la précède et la terreur de ce qui la suit.

Vous avez rappelé, Monsieur, dans quelle déplorable épreuve il donna des marques d’une pitié devenue courageuse. Sa modération ne le fut pas moins. Éclairé par un esprit droit, il lutta, pour les principes invariables de la justice, contre les excès de la force et les décrets de l’anarchie ; et quand la raison fut trop faible, il se retira, sans la trahir.

Lorsque des temps plus calmes invitèrent les esprits à la culture des lettres, M. Lémontey tourna ses regards vers l’histoire, pour y étudier les causes du spectacle qu’il avait vu. Éloigné des affaires, il occupait seulement une de ces places de censeur des théâtres, qu’on peut remplir avec prudence, et qu’on perd quelquefois avec noblesse. Mais son active sagacité et ses curieuses recherches découvraient dans l’histoire ce que la pratique même des affaires n’enseigne pas toujours.

Tel est surtout le mérite des piquants mémoires qu’il avait préparés sur le XVIIIe siècle. Après d’éloquents écrits son ouvrage semblerait encore instructif et nouveau.

En partageant votre vœu, pour que les lettres et la France ne soient pas privées d’un si précieux travail, on doit regretter que M. Lémontey ne l’ait pas fait paraître lui-même. La vérité mérite bien que l’on s’engage un peu pour elle, et qu’on la dise de son vivant. Il ne faut pas imiter ces Romains, dont parle Tacite, qui n’avouaient leur pensée que par testament.

On ne connaît encore de l’important ouvrage de M. Lémontey que la préface, c’est-à-dire l’Essai sur la monarchie de Louis XIV. Dans le siècle dernier, le vénérable abbé de St-Pierre avait été banni de l’Académie pour quelques jugements un peu libres sur le gouvernement du grand roi. De nos jours, tout le monde compta, parmi les titres académiques de M. Lémontey, un ouvrage où ce règne immortel est décrit avec une sévérité quelquefois trop amère. Tels sont les priviléges que l’histoire acquiert en vieillissant. Cette analyse de la gloire, ce commentaire exact d’une domination si brillante, plaisent à l’esprit par un contraste qui n’est pas sans recherche et sans défaut.

Du reste, comme vous le remarquez, Monsieur, l’ingénieux historien ne détruit pas l’admiration pour un grand monarque ; mais il l’éclaire, et quelquefois il la déplace. Il inspire l’amour des lois et des institutions, en faisant voir dans les fautes d’un prince généreux le malheur d’un gouvernement sans limites, et, pour ainsi dire, la fatalité du, pouvoir absolu.

On peut se plaindre seulement que l’auteur n’ait pas marqué davantage cette grande influence des lettres tant favorisée par Louis XIV, et qui doit plus que jamais consacrer sa mémoire. Il n’a pas dit assez, il n’a pas décrit, avec les détails qui lui sont familiers, les efforts continuels de Louis XIV et de Colbert pour hâter les succès de l’intelligence, pour appeler les talents étrangers, pour animer les talents français, pour préparer des secours à toutes les études, des inspirations à tous les génies.

Sous Louis XIV, l’émulation et quelquefois la liberté descendent du trône. L’estime du monarque excite et récompense toutes les nobles ambitions ; il aime la gloire de ses sujets ; il protége les hardiesses de Molière, comme il honore la fidèle indépendance de Pélisson. Il semble convaincu qu’en élevant l’esprit de la nation, il ennoblit encore la royauté même.

L’éclat oratoire et poétique du XVIIe siècle frappe surtout nos regards ; mais nous ne devons pas oublier que le zèle de Louis XIV s’étendit également sur toutes les connaissances ; que, par de précieux dépôts et d’immortels monuments, il encouragea les sciences positives que le temps perfectionne, et qui grandissent avec les nations. Dans le progrès même de l’esprit moderne, il faut reconnaître le premier mouvement qui fut donné par cette main puissante. Vous l’avez fait tout à l’heure, Monsieur, avec l’autorité du savoir et du talent ; vous l’avez fait, vous, dont le nom est inscrit dans les fastes d’une autre grande époque, et dont la jeunesse prit part aux entreprises et aux travaux de ces années historiques auxquelles nous touchons encore.

Vous étiez de cette expédition d’Égypte, brillant épisode de gloire, qui jette une sorte de merveilleux sur les annales trop sanglantes de notre âge. On vous distinguait dans cette colonie savante qui vint s’embarquer à Toulon sur une flotte de guerre, pour des périls inconnus.

Vous quittiez une des chaires de l’école polytechnique, alors naissante, si célèbre depuis, et qui soutient maintenant sa renommée, sous la protection d’un prince, appui du trône et cher à la patrie. Votre âme et celles de vos généreux compagnons n’étaient ouvertes qu’à l’enthousiasme de la science ; mais dans le mouvement du monde, la science alors devenait aventureuse comme la guerre ; et tandis que le jeune vainqueur d’Italie, naviguant vers l’Égypte, dévorait en espérance la conquête de tout l’Orient, sur le même vaisseau de jeunes ambitieux dune autre espèce rêvaient mille découvertes et la conquête de mille vérités nouvelles.

Moments rapides d’ivresse et de bonheur ! sublimes émotions que devaient suivre tant de souffrances ! faut-il en retracer l’image ? Peut-on, Monsieur, parler, après vous, de cette Égypte, où tous les grands dominateurs des nations, Alexandre, César, Bonaparte, ont voulu passer tour à tour, comme par un instinct de gloire, qui leur disait que cette contrée fameuse donnerait à leurs exploits quelque chose de l’éternité de ses monuments ?

Journées des Pyramides et du mont Thabor, bataille d’Héliopolis ! et vous Kléber, Desaix, vainqueurs désintéressés, grands hommes qui ne souhaitiez pas d’être dictateurs, vos noms ne s’effaceront jamais dans le souvenir d’un peuple ami de la gloire et fait pour elle !

Mais, parmi ces trophées de la vertu militaire, combien fut belle l’activité des sciences ! combien leur génie parut-il secourable ! Après la soumission d’Alexandrie et du Caire, ce furent les sciences qui, par des procédés habiles et d’heureuses inventions luttèrent contre les dangers d’un climat nouveau, les innombrables besoins d’une armée exilée dans sa conquête, et tous les obstacles réunis de la barbarie et de la guerre.

Les Berthollet, les Monge, les Conté, les Malus, et d’autres que nous possédons encore, faisaient servir les connaissances les plus hautes à tous les arts utiles à la vie. On apprenait aux habitants à mieux distribuer le cours du Nil, et à moudre plus rapidement le blé des moissons qu’il fait éclore. La capitale des mameluks recevait, comme par enchantement, les ingénieuses machines et les industries de l’Europe. À côté d’une poudrière et d’une fabrique d’armes s’élevait une imprimerie, comme si la civilisation conduite par la guerre eût voulu attaquer de toutes parts la barbarie musulmane.

Sans indiquer votre utile concours à tous ces travaux, il suffit, Monsieur, de rappeler que vous fûtes alors, par le choix de vos collègues, nommé secrétaire de l’Institut d’Égypte, de cette création célèbre qui marque si bien le génie français, son amour des arts, et sa confiance dans l’avenir. Vous y lisiez de savants mémoires, comme un poëte, encore aujourd’hui votre collègue, y récita plus d’une fois de beaux vers inspirés par la muse du Tasse et le ciel d’Orient.

Des soins politiques se mêlaient à vos études ; une rapide intelligence de la langue arabe, l’art de communiquer avec les hommes, et cette urbanité, dont l’influence est sentie même des barbares, vous fit choisir pour être le commissaire de l’armée française auprès d’un divan formé des principaux ulémas de la ville du Caire. Pendant l’expédition de Syrie et l’absence du chef suprême, votre pouvoir s’accrut encore ; et le secrétaire d’une Académie des sciences se trouva presque le gouverneur d’une moitié de l’Égypte ; singularité qui ne devait pas surprendre, dans une époque où l’ambitieuse politique du conquérant inscrivait en tête de ses proclamations et de ses lettres : « Membre de l’Institut, et général de l’armée française en Orient. »

Plus tard, on vous confia dans l’Égypte l’administration de la justice, ce bien que tous les peuples comprennent, lors même qu’ils en sont privés ; et ces Orientaux si malheureux éprouvèrent au milieu de la guerre le bienfait des lois. On venait du fond des oasis de Libye demander justice au Caire occupé par les Français.

Avant cette époque, vous aviez déjà pris part à ces nobles excursions que le zèle de la science tenta dans la haute Égypte, vers les ruines magnifiques de Thèbes ; et vous fûtes le témoin ou l’auxiliaire de tant de découvertes conquises, pour ainsi dire, sur l’ennemi, dans ces courses périlleuses, où le géomètre, l’artiste, l’élève de Buffon calculaient les grandeurs, dessinaient les monuments, observaient la nature à la faveur d’une victoire, ou dans l’intervalle de deux combats.

Associé à tant de savants illustres dont plusieurs furent martyrs de la science, vous avez, en remontant le cours du Nil, visité l’île mystérieuse d’Éléphantine, et recueilli, sur le lieu même, les impressions si vives qui plus tard donnèrent tant d’intérêt à vos récits trop rares.

On doit regretter que vous n’ayez pas réuni tous ces souvenirs dans un ouvrage complet et détaillé. Cette-gloire n’appartenait à personne mieux qu’à vous, dont l’éloquence noble et simple servit d’interprète aux sentiments de vos concitoyens en Égypte. Dans les grandes douleurs qui frappèrent plus d’une fois cette vaillante armée, dans les pertes trop cruelles qu’elle eut à déplorer, c’était vous en effet, Monsieur, dont elle empruntait le secours.

Que ne puis-je, en quelques mots, ressusciter ces grandes scènes qu’anima votre voix ! L’armée française, abandonnée de son premier général, et décimée par tant de victoires, avait capitulé par la main du généreux Kléber ; elle cédait toutes ses conquêtes, depuis les ports de la mer Rouge, jusqu’à Damiette, antique rançon d’un roi de France ; elle se retirait du Caire, sous la condition que le passage lui serait laissé libre pour revenir en Europe. Mais cette promesse est tout à coup violée ; et la captivité seule est offerte aux Français. Par une trahison calculée, on leur ferme la mer, tandis qu’une grande armée musulmane, envahissant tout le pays qu’ils ont rendu, ne leur laisse plus d’asile que les sables du désert.

Forcé de combattre alors, Kléber ramassant tous ses soldats, jusqu’aux vétérans mutilés, disperse les hordes nombreuses du grand vizir, le fait fuir par delà le Saïd, et du champ de bataille où il a vaincu, recommence en quelques jours la conquête de toute l’Égypte. Mais il meurt assassiné, au comble de la gloire.

Tous les Français vainqueurs, et délaissés par sa mort, conduisirent au lieu funèbre les restes du héros. À leur suite s’avançaient les chrétiens d’Égypte et de Syrie, les évêques, les prêtres, et la légion grecque pleurant un libérateur : les musulmans même honoraient en lui cette clémence inconnue dans l’Orient. Alors du haut d’un bastion, naguère enlevé par nos armes, ayant près de vous la ville du Caire à demi sauvée des flammes, et sous vos yeux cette héroïque armée qui serrait autour de vous ses rangs trop peu nombreux, votre voix célébra dignement le vainqueur de Maëstricht et d’Héliopolis. Puissant panégyrique ! grande et noble éloquence, qui redoublait au cœur des Français le courage de vaincre, et sur cette terre lointaine et barbare leur faisait sentir encore la patrie !

Quand votre bouche, en attestant les regrets des soldats, fit entendre ces mots : « Je vous prends à témoin, intrépide cavalerie, qui accourûtes, pour le sauver, sur les hauteurs de Coraïm », l’armée entière se troubla, en agitant ses étendards, et vous demeurâtes longtemps interrompu par le bruit des armes et le frémissement de tant de soldats en pleurs.

Peu de mois après cette triste solennité, on apprit au Caire le destin du généreux Desaix qui, récemment parti d’Égypte, avait déjà trouvé la mort et donné la victoire dans les plaines d’Italie. Orateur de l’armée d’Orient, votre voix célébra la mémoire de Desaix, au même lieu où vous aviez honoré les restes de Kléber. Des bords du Nil aux champs de Marengo, les armées de la France se communiquaient leur deuil et leur gloire.

Vos discours alors si puissants sur les âmes n’ont rien perdu après tant d’années ; et lorsque, de nos jours, une noble pensée du roi fondateur de la Charte fit élever un tombeau à Kléber, dans sa ville natale, on ne trouva pas de plus belle consécration pour cette fête funèbre, que de répéter vos paroles au pied du monument.

Retenu en Égypte jusqu’au terme de l’expédition, éloquent témoin des derniers malheurs de l’armée, vous revîtes enfin la France avec le petit nombre de savants et de guerriers échappés à cette dévorante épreuve. D’une conquête si hardie, de tant de combats et de gloire, il restait les travaux de la science, la carte du pays, la copie des monuments. On voulut au moins ne laisser perdre aucun de ces signes précieux de notre passage en Égypte.

Les hommes distingués auxquels ce soin était commis vous désignèrent, par un suffrage unanime, pour tracer le frontispice du temple qu’ils élevaient à la gloire des sciences et de la patrie. De là ce discours sur l’Égypte, exposition éloquente et rapide, où sont réunis à grands traits les événements de l’histoire, les observations de la science, les vues de la politique. Vous invoquez à la fois l’autorité des âges et les spéculations du génie. Vous montrez saint Louis, âme sublime dans un siècle barbare, qui, devançant la civilisation par l’enthousiasme, aspire à la conquête de l’Égypte, et remplit tout l’Orient de la gloire de ses infortunes et de la nouveauté de son héroïsme. Vous montrez, dans le siècle des arts, le grand Leibnitz proposant l’Égypte à Louis XIV, et traçant pour ce prince le plan de l’invasion que le courage français accomplit de nos jours.

Éclairé par cette glorieuse expérience, vous jetez de grandes lumières sur les entreprises que pourrait essayer l’Europe pour humaniser l’Orient. Là se trouvent quelques-unes de ces hautes idées, auxquelles vous avez donné-tout à l’heure une élévation et une énergie nouvelle. On aime à voir ainsi la supériorité de la raison venir à l’appui des espérances généreuses, et le savoir justifier l’enthousiasme.

Oh ! si le génie de l’Europe pouvait enfin pénétrer dans ces beaux climats de l’Orient, non pour opprimer, mais pour secourir, comme elles se relèveraient ces races déchues, mais chrétiennes, oasis vivantes au milieu du désert de la tyrannie turque, peuplades infortunées que depuis tant de siècles l’Évangile réserve et prépare au bienfait de la civilisation et de la liberté ! Ce sont là, peut-être, les conquêtes et les colonies laissées à notre âge. Le monde est parcouru. Il n’y a plus de nouveau continent à découvrir ; mais il y a près de nous des contrées mortes par la barbarie, à faire renaître par le commerce, la justice et les arts ; c’est là que l’Europe doit s’indemniser d’avoir perdu l’Amérique.

Je m’attache, Monsieur, à ce caractère élevé, à ces grandes vues, que tout le monde peut reconnaître dans vos ouvrages. Une autre partie de votre gloire m’échappe ; mais vos juges naturels ont placé vos théories au rang de celles qui joignent la nouveauté de l’analyse à la grandeur des résultats. En portant l’application des lois mathématiques sur un nouvel ordre de phénomènes, vous avez, disent les savants, ajouté à la science ; et nous éprouvons tous que votre esprit lui prête la plus lumineuse clarté.

Depuis votre retour en France, ces hautes méditations furent souvent mêlées pour vous au soin des affaires et à l’embarras des devoirs publics. Préfet de Grenoble pendant quatorze années, votre administration active et sage ne parut pas souffrir des distractions solitaires de la science ; elle en profita même quelquefois. De grands travaux publics achevés par vous, des marais desséchés, des terres rendues à la culture, la richesse et la salubrité du pays s’augmentant à la fois, ce sont là des titres, Monsieur, qui feront longtemps honorer votre nom dans les industrieux cantons de l’Isère.

Aussi, dans des temps difficiles, les plus honorables témoignages vous furent décernés par toutes les opinions. En vous, l’homme sage et bienveillant, le magistrat intègre et modéré obtenait autant d’estime que le savant illustre mérite d’admiration.

Continuez, Monsieur, dans la retraite à cultiver ces hautes sciences qui font votre gloire, sans négliger les lettres que vous aimez, et dont vous avez aussi le génie. Notre époque est faite pour le succès de ce double effort

Une sage indépendance élève les esprits ; l’émulation est dans la société, la vertu sur le trône. Un prince, dont les inspirations naturelles sont toujours confiantes et généreuses, a marqué les premiers temps de son règne par l’affermissement de ce droit de penser et d’écrire, bienfait irrévocable de deux monarques, institution royale et populaire que personne ne pourra désormais arracher à la France ! Ainsi puissent les sciences et les lettres, à l’abri du trône, longtemps fleurir par la plus belle des protections, la liberté publique !