Réponse au discours de réception de l’abbé d’Olivet

Le 25 novembre 1723

François-Timoléon de CHOISY

Après que M. l’Abbé d’OLIVET eut achevé son Discours, Monsieur l’Abbé de CHOISY, Doyen de l’Académie, respondit :

Messieurs,

Je croyois que la qualité de vostre Doyen, & trente-six ans d’Académie, me devoient exempter à l’avenir de tous les travaux Académiques. Je me reposois à l’ombre de vos lauriers, persuadé que dans l’occasion chaque Académicien soustiendroit dignement sans moi, l’honneur de la Compagnie.

L’amitié, Monsieur, dont vous m’avez toujours honoré, a excité en moi, a dompté la paresse de l’âge : vostre vue m’anime, & je n’ai pu résister à la pensée flateuse de vous couronner de ma main. Le souvenir tendre de Monsieur l’Abbé de Dangeau, dont la mémoire nous sera toujours précieuse, qui vous estimoit, qui vous aimoit, me donne du courage ; & si les morts sont encore touchés de ce qui se passe parmi les vivans, il ne sera pas insensible à ce que je fais aujourd’hui pour vous, puisqu’il l’eust fait lui-mesme, si la Providence nous l’eust laissé encore quelque temps.

C’est à vous, Monsieur, à bien garder la réputation, que vous vous estes acquise par vos ouvrages. Vous en avez entrepris un capable d’étonner le génie le plus aguerri. Continuer l’Histoire de l’Académie, si bien commencée par M. Polisson, quelle entreprise ! Nous sommes dans la confiance : vous sentez vos forces.

Venez donc, Monsieur, travailler avec nous à la gloire du Roi nostre Protecteur, & à l’embellissement de la Langue Françoise. Vous y estes plus obligé qu’un autre : nous vous avons élu en vostre absence. Absence à la vérité digne de louanges, puisqu’elle estoit causée par la maladie pressante de Monsieur Vostre Pere, & que vous n’avez songé aux honneurs, qui vous attendoient ici, qu’après avoir rempli tous les devoirs d’un bon fils. Venez : l’assiduité à nos assemblées grossira bientost le trésor de sciences, que vous vous estes déjà fait.