Inauguration du monument élevé à la mémoire de Bossuet, à Meaux

Le 29 octobre 1911

Alfred MÉZIÈRES

INAUGURATION DU MONUMENT ÉLEVÉ
À LA MÉMOIRE DE BOSSUET

À MEAUX
Le Dimanche 29 octobre 1911.

DISCOURS

DE

M. MÉZIÈRES
MEMBRE DE L’ACADÉMIE

AU NOM DU COMITÉ D’ÉRECTION POUR LE MONUMENT DE BOSSUET

 

MESSIEURS,

Ce qu’il y a de plus extraordinaire dans la cérémonie d’aujourd’hui, c’est qu’elle ait lieu si tard, c’est que la France ait tant tardé à élever un monument en l’honneur de Bossuet dans le diocèse qu’il illustra, dans cette cathédrale qui a si souvent retenti des éclats de son éloquence.

Rendons justice à qui de droit. Si nous pouvons en ce moment honorer comme il convient cette glorieuse mémoire, nous le devons à l’initiative de Mgr de Briey. En 1898, il constitua un comité d’organisation, dont il voulut bien m’inviter à faire partie avec des dignitaires de l’Église, des membres de l’Académie française et de l’Institut. Nous nous réunissions dans les salons du Correspondant. Beaucoup de ces collaborateurs de la première heure, le cardinal Perraud, notre premier président ; le duc de Broglie, Brunetière, dont les belles conférences nous ont tant aidés ; Gréard, Boissier, le marquis Costa de Beauregard, Larroumet, ont malheureusement disparu. Je suis un des rares survivants, c’est ce qui me vaut l’honneur de prendre la parole devant vous.

Je le fais avec un sentiment de modestie qui n’a rien d’affecté. Que sommes-nous, hommes d’un jour, en comparaison de ces grandes figures qui représentent ce qu’il y a de plus durable dans l’histoire de l’humanité ? Mais si nos personnes sont peu de chose, les Compagnies auxquelles nous appartenons n’ont pas le droit d’être modestes, puisque les plus grands esprits ont tenu à honneur d’en faire partie. L’Église et l’Académie française réclament les œuvres de Bossuet comme une part essentielle de leur patrimoine. Aussi sont-elles d’accord pour célébrer sa mémoire. Mgr de Briey, répondait à leur commun désir lorsqu’il les associait dans la même pensée.

Le comité d’organisation qu’il avait créé termine aujourd’hui son existence, non sans avoir obtenu des résultats qui valent la peine d’être signalés. De toutes les parties du monde civilisé, de Belgique, d’Angleterre, du Canada, des États-Unis d’Amérique, d’Autriche, d’Italie, aussi bien que des plus humbles paroisses de France, les souscripteurs ont répondu à son appel, montrant ainsi que la renommée de Bossuet dépasse toutes les frontières. L’influence de son génie s’étend au delà de son temps et de son pays ; à travers les siècles, chez tous les peuples, les âmes chrétiennes saluent en lui le maître incontesté de l’éloquence de la chaire. Il n’est peut-être pas inutile pour la gloire de la France que cette démonstration ait été faite avec tant d’éclat, qu’elle soit confirmée encore en ce jour par la présence parmi nous du cardinal-archevêque de Malines.

Au nom de ce qui reste du comité primitif, j’ai l’honneur de confier à Mgr Marbeau la garde du monument que la générosité d’un public international nous a permis d’élever. Nous sommes assurés, Monseigneur, que Votre Grandeur le gardera avec un soin pieux. Il vous rappellera l’époque la plus glorieuse de votre diocèse, et peut-être quelques-uns des membres de votre clergé viendront-ils y chercher des inspirations dignes d’un si grand souvenir.