Discours sur les prix littéraires 2004

Le 2 décembre 2004

Bertrand POIROT-DELPECH

SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE
le jeudi 2 décembre 2004

Discours sur les prix littéraires

par M. Bertrand POIROT-DELPECH
Directeur en exercice

PARIS PALAIS DE L’INSTITUT

Messieurs,

Une bévue affreuse, et peut-être prémonitoire, a valu au débutant en latin que je fus, de traduire « plaidoyer PRO DOMO » par « plaidoyer pour un dôme » ; ou mieux, ai-je cru bon de corriger : « éloge d'une coupole ».

Au moment de préfacer notre palmarès 2004, l'envie me prend d'exalter sa singularité et, selon moi, son excellence, bref de nous glorifier nous-mêmes s'il en était besoin.

Dans leur penchant pour les soupçons et les automatismes, les médias associent volontiers les prix littéraires à des réflexions toujours les mêmes sur ce que les récompenses devraient à des pressions occultes des éditeurs, voire à des tours de rôle entre eux. Si ce grief est mérité, je puis vous assurer que les choix de l'Académie, eux, y échappent. Non que nous débordions de vertu - nous avons des discours pour cela, notre confrère Angelo Rinaldi en donnera tout à l'heure une nouvelle preuve -, mais tout simplement, et sans que nos mérites soient en cause, du fait du grand nombre de nos jurés - une trentaine les jours de vote, issus, pour beaucoup, de disciplines non littéraires et très éloignés des grandes manouvres d'automne.

Le choix des ouvres qui vont vous être recommandées ne doivent donc rien à des dosages, mais à des coups de cour partagés. Nombre de lauréats nous étaient inconnus jusqu'à ce jour. Vieux routiers du métier d'écrire, nous voici plus ingénus qu'il n'y semble, et naturellement divers dans nos goûts. Chaque année, nous faisons mentir, on peut le vérifier, le reproche commode d'académisme quitte à endurer celui de modernisme.

Autre mérite de nos usages : il ne nous viendrait pas à l'esprit de susciter vos applaudissements, encore moins de les mesurer, comme c'est devenu la règle inavouée des compétitions audiovisuelles, où les bravos sont orchestrés par des panneaux lumineux visibles du seul public du plateau. Notre souci serait plutôt de tempérer vos ferveurs, pour ne pas allonger outre mesure nos énumérations.

Convenons donc que seul le lauréat du Grand Prix de la Francophonie voudra bien s'approcher de la tribune pour recevoir son prix, bien sûr, sous nos ovations. Les dix-neuf autres titulaires de Prix d'Académie se lèveront à leur place au prononcé de leur nom, et seront salués par nos bravos. Après quoi, vous êtes priés de retenir vos enthousiasmes jusqu'à la fin de la lecture du palmarès, qui sera acclamé en une seule salve d'applaudissements.

Le Grand Prix de la Francophonie est attribué à M. Albert MEMMI, auteur d'origine tunisienne, pour l'ensemble de son ouvre.

Ce grand écrivain d'expression française s'est déjà vu décerner de nombreux prix sur les deux rives de la Méditerranée qu'il a unies dans son ouvre. Son enfance à Tunis, qu'il peint dans son roman La Statue de sel, ses origines juives, la rencontre de l'arabe, langue maternelle, et du français, langue d'étude et de culture, sa formation de philosophe et son enseignement à l'École pratique des hautes études ont fait de lui, dans des romans et des essais parfois construits sous forme de Portraits, l'analyste du statut intellectuel et linguistique du colonisé, des mécanismes de la domination et du racisme. Dans les ouvres d'Albert Memmi, en une écriture symbolique de sa position singulière, la langue française s'enrichit de termes de sa terre natale, des sonorités de noms juifs et arabes ; elle est aussi aspiration humaniste à l'universel.

Passeur entre les continents et les cultures, Albert Memmi a particulièrement contribué à faire connaître la littérature du Maghreb, et notamment les écrivains maghrébins faisant comme lui le choix de la langue française.

L'Académie a décerné la Grande médaille de la Francophonie à M. Henry CUNY, ambassadeur de France à Erevan. Comme le note notre confrère Maurice Druon, Secrétaire perpétuel honoraire, peu de diplomates français accomplissent un travail aussi remarquable et efficace pour la langue française que Monsieur Cuny, que nous connaissons par ailleurs sous le nom d’Henry Chennevières comme un romancier de talent et auquel nous avons donné, en 1988, le Prix Louis Barthou pour « Un printemps de Russie ».

Grâce à lui, le français est en train de retrouver en Arménie une place qu’il n’aurait jamais dû perdre.

Le Grand Prix de littérature Paul Morand est attribué à M. Jean ROLIN, pour l'ensemble de son ouvre. On ne dira pas tout de Jean Rolin en le qualifiant d’écrivain du voyage, mais c’est surtout dans ses vagabondages en France et dans le monde, sur terre et sur mer, qu’il a, depuis une vingtaine d’années, le mieux exercé son don d’observateur de notre temps. Cet homme d’une exemplaire lucidité ne cherche pas à moraliser ou à convaincre son lecteur. Il est un témoin, légèrement en retrait du spectacle qu’il évoque dans une langue précise, sans effet, toujours juste qu’il s’agisse du drame vécu par la Yougoslavie déchirée ou du sort des Chrétiens oubliés de Palestine.

L’ouvre de Jean Rolin est le parfait miroir des temps contemporains dans ce qu’ils ont de plus perdu et de plus désespérément innocent.

Le Grand Prix de Littérature Henri Gal est un prix de l'Institut, récemment créé et décerné sur proposition de l'Académie française. Il récompense une ouvre littéraire de haute qualité. Il est attribué cette année à M. René GIRARD. Nous savons rarement les ouvres qui resteront, mais je parierais volontiers sur la pérennité de celle de René Girard, dont la présence parmi nous honorerait l’Académie.

Français de naissance et professeur aux États-Unis pendant toute sa vie, René Girard écrit dans les deux langues, anglaise et française, et bénéficie donc d’une double expérience, professionnelle et culturelle. Auteur d’une vingtaine de livres traduits dans des dizaines de langues, jouissant d’un prestige international depuis déjà longtemps, il est connu à la fois des savants et du grand public cultivé.

Partie de la psychologie individuelle, la théorie que construit René Girard passe alors aux conduites collectives de violence où se construit l’accord du groupe sur une victime lynchée. La violence et le sacré (Grasset, 1972), que l’on peut considérer comme l’un des grands essais du XXe siècle, inspire, à partir de cette date, beaucoup d’historiens des religions. Nous devons à René Girard la célèbre distinction entre le saint - tu ne tueras point - et le sacré, fondé sur un meurtre rituel.

Lentement et patiemment construite depuis le début des années 1960, date à laquelle paraît Mensonge romantique et vérité romanesque, en dehors des modes et glorioles, la théorie de René Girard est si complète qu’elle touche à plusieurs disciplines (critique littéraire, explication des mythes, anthropologie et histoire des religions) et concerne même l’ensemble des sciences humaines ; son rayonnement éclaire aussi bien la théologie et l’histoire que la littérature et l’Antiquité que l’actualité.

Le Prix Jacques de Fouchier est destiné à « un ouvrage remarquable par son sujet, sa composition, et dont l'auteur ne doit pas appartenir aux professions littéraires ». Il va à Monsieur Pierre-Louis BLANC, pour Valise diplomatique.

Notre confrère Michel Déon rappelle que Pierre-Louis Blanc, ancien directeur de l’ENA et ambassadeur en Suède, en Grèce et aux Nations Unies a tenu un très précis journal de sa vie de haut fonctionnaire. C’est tout un pan de l’histoire politique et diplomatique française au XXe siècle qui est évoqué dans ces pages où l’on voit défiler - ou simplement débuter - le personnel administratif français.

Le Grand Prix du Roman est attribué à M. Bernard du BOUCHERON, pour Court Serpent.

L'Académie confirme sa liberté en honorant le premier roman d'un énarque de soixante-dix ans passés, et dont la fantaisie parait un demi-siècle de moins. Félicien Marceau résume ainsi « Court serpent » : un prêtre est envoyé par l'église pour rétablir les relations avec une peuplade du grand Nord, jadis évangélisée et dont on est sans nouvelles. Par l'originalité du sujet, par un sentiment de grandeur qui s'en dégage, par la sûreté de la langue, ce roman nous a paru tout à fait remarquable.

L'Académie constate avec joie que son Prix a attiré à cet auteur jusque là inconnu un public qui le situe très haut dans les bonnes ventes de la rentrée.

Le Prix de l'Académie française Maurice Genevoix est attribué à M. Daniel MAXIMIN, pour Tu, c'est l'enfance.

C’est un véritable écrivain, note notre confrère Michel Déon, en possession d’une belle langue riche et parfaite, toute d’émotion retenue. Il appartient à ce groupe d'auteurs enracinés dans leurs îles souvent encore bridés par un langage créole dont l’exotisme a perdu de son originalité. L’originalité de ce livre tient à son usage du vocatif pour raconter une enfance émerveillée par la toute puissance du volcan et de la soufrière.

Le Grand Prix de Poésie a été décerné à M. Michel DEGUY, pour l'ensemble de son ouvre. Poète et philosophe, M. Michel Deguy a fondé la revue Poésie dont il est le rédacteur en chef ; il a également présidé le Collège international de philosophie. Traducteur de Heidegger, il l'est aussi de Celan. Son ouvre, exigeante, conjoint non seulement réflexion philosophique et expression poétique, mais elle obéit de surcroît à l'idée que la parole poétique est la seule qui puisse retrouver « un sens échappant au signifiant ». Ainsi la poésie de Michel Deguy est-elle à la fois recherche du poétique et méditation sur l'acte poétique lui-même. De fragment du cadastre, Poèmes de la presqu'île, Ouï-dire, Gisants, à La Raison poétique et à L'Impair, la réflexion critique reste inséparable dans son ouvre de l'expression lyrique d'une expérience du monde.

Le Grand prix de Philosophie va à M. Charles LARMORE, pour Les Pratiques du moi.

C'est Marc Fumaroli qui a recommandé ce choix d'un philosophe américain, écrivant directement en français. Son style d’une rare limpidité et élégance, est pur de tout l’ésotérisme conceptuel auquel trop de philosophes français germanisés nous ont accoutumés. Le choix d’écrire en bel et bon français pour Charles LARMORE ne résulte pas seulement de son milieu familial. C’est aussi et surtout un choix dicté par la thèse même qu’il défend dans ce livre, et selon laquelle la tradition des moralistes français, de Montaigne, La Rochefoucauld, Pascal, La Bruyère au XVIIe siècle jusqu’à Stendhal et Flaubert au XIXe, Proust, Girard et Ricoeur, au XXe, est la meilleure préparation aux pratiques civilisées du moi dans la vie réelle, publique et privée, morale et affective. De chapitre en chapitre, dialoguant sans pédantisme avec les philosophes américains de l’individu et de l’individualisme, Charles Larmore explore les différentes facettes de ce rapport à soi réflexif dont les moralistes français ont fait la pierre de touche du rapport à autrui et de la vie morale, parsemant sa méditation d’excellents commentaires de nos meilleurs essayistes et romanciers. Ce livre qui nous vient d’Amérique est une admirable défense et illustration de notre langue comme interprète incomparable d’une École ancienne et continue de sagesse libérale.

Le Prix Moron de Philosophie couronne Monsieur Marc LACHIÈZE-REY, pour Au-delà de l'espace et du temps.

Ce livre, nous dit Michel Serres, fait le point sur une question majeure et difficile, celle de la cosmologie et de la cosmogonie. Comment penser, aujourd’hui, l’origine de l’univers, son temps, son espace et son développement ?

On sait que la physique se fonde désormais à la fois sur la Relativité Générale et sur la Physique Quantique. La croix contemporaine consiste à tenter de les unifier.

Au-delà des concepts purement mathématiques et physiques excellemment développés et renouvelés, ce livre permet de relire aussi bien Platon qu’Emmanuel Kant et de reconstruire l’ensemble des concepts nécessaires à l’appréhension des éléments fondamentaux qui constituent le monde où nous vivons.

Le Grand Prix Gobert est attribué à Madame Mona OZOUF, pour l'ensemble de son ouvre.

Alain Decaux rappelle que, philosophe de formation et historienne de pratique, directeur de recherche au C.N.R.S., Mme Mona Ozouf est l’auteur bien connue d’une ouvre abondante et originale, construite sur les deux piliers que furent, pour cette fille d’instituteurs bretons, la Révolution française et l’école de la République.

Sur les deux sujets, elle a écrit une série d’ouvrages majeurs : La Fête révolutionnaire (1976), L’école de la France (1984), L’Homme régénéré (1989). Elle a dirigé, avec François Furet dont elle était très proche, le célèbre Dictionnaire critique de la Révolution française (1988), Les Girondins (1991) et Le siècle de l’avènement républicain (1993).

Au-delà de ces deux centres d’intérêt, Mona Ozouf a élargi son horizon dans trois directions principales qui ont mis en valeur son immense culture littéraire et sa profonde sensibilité féminine, Les mots des femmes (1995) sont, à travers une douzaine d’études de personnalités féminines, de Mme de Staël à Simone de Beauvoir, une réflexion sur la singularité de la voie française de l’émancipation féminine. La muse démocratique (1998) est, à partir d’une analyse critique de Henry James, une étude des pouvoirs du roman dans une société démocratique. Les Aveux du roman (2001) montrent, par la relecture des grands romans du XIXe siècle, le long et difficile dialogue entre les deux types d’humanité, aristocratique et démocratique, que la Révolution française a séparés.

Une ouvre qui passe et repasse les frontières de l’histoire des idées, de la critique littéraire et de l’essai philosophique, avec une souveraine aisance de pensée et une décourageante perfection d’écriture.

Le Prix de la Biographie Historique revient à M. Pierre AUBÉ, pour Saint Bernard de Clairvaux.

Charles de Gaulle posa un jour à André Malraux une question insolite : « Saint Bernard était assurément un colosse ; était-il un homme de cour ? » Pierre Aube, l’un des plus éminents de nos médiévistes, s’abstient d’y répondre mais nous donne la biographie définitive que l’on attendait sans y croire.   Pierre Aubé a tenu à restituer l’image - composite autant que contrastée - du rénovateur de la vie religieuse de l’Occident médiéval mais aussi de son action dans un siècle essentiellement de mutations frappé par un schisme « dévastateur » et atteint, en Occident comme en Orient, par des bouleversements en profondeur. L’un des meilleurs écrivains de son temps, prêcheur sans égal, ascète et mystique et allant jusqu’au bout de ses propres exigences, saint Bernard fut aussi l’inspirateur d’une croisade et, comme le dit fort bien Pierre Aubé, théorisa la guerre sainte : ce qui semble aller à l’encontre de l’image d’un saint tel que nous l’imaginons aujourd’hui.

Pour composer ce portrait superbe, Pierre Aubé use d’un style à la hauteur du sujet. Il confirme le talent d’écrivain que révélaient déjà ses ouvrages, tels que les Empires normands d’Orient, Jérusalem 1099, Godefroy de Bouillon ou Beaudouin IV de Jérusalem.

Le Prix de la Critique est attribué à M. Henri-Jean MARTIN, pour l'ensemble de son ouvre.

Selon notre confrère Marc Fumaroli, M. Henri-Jean Martin a inventé un chapitre entièrement nouveau de l’histoire littéraire, devenu aujourd’hui dans le monde entier une discipline en plein essor dans les universités et les instituts de recherche : l’histoire du livre, du commerce de librairie, de la censure, de la lecture, des bibliothèques privées et publiques, bref du milieu à la fois social, juridique et économique de la littérature, en amont et en aval de l’invention littéraire proprement dite.

Dans ces entretiens, M. Henri-Jean Martin, disciple de Lucien Febvre et de Fernand Braudel, fait le bilan dans un style allègre, d’un demi-siècle de ses propres découvertes et de celles de son école. Il propose une vigoureuse synthèse qui renouvelle en profondeur la vision superficielle que nous pouvions avoir des rapports entre littérature et société, en France sous l’Ancien régime.

Le Prix de l'Essai revient à M. Pierre LEPAPE, pour Le Pays de la littérature.

Critique d'une belle indépendance, Pierre Lepape se consacre dans ce livre à une histoire de la littérature française de ses sources jusqu’aux temps actuels. Tout en restant très personnel dans ses choix et ses admirations, l’ampleur de ses vues, la rigoureuse défense de ce qu’il aime ou ses raisons de ne pas aimer, composent un livre passionnel, débarrassé de tout didactisme.

Le Prix de la nouvelle va à M. Jean CAVÉ, pour La Souris céleste.

Michel Déon note que si le genre de la nouvelle est assez large pour comprendre « des histoires autant que de courts essais, des choses vues et de poétiques digressions, le recueil de Jean Cavé l'illustre à merveille », non seulement par la variété de l’imagination mais aussi par la qualité du style.

Au titre des Prix d'Académie, décernés à des ouvrages qui touchent à sa propre histoire ou aux valeurs auxquelles l'Académie est essentiellement attachée, deux médailles de vermeil ont été décernées. La première récompense cette année M. Jean PIAT, pour Beaumarchais, un intermittent du spectacle et l'ensemble de son ouvre.

Et la seconde, M. Joël SCHMIDT, pour l'ensemble de son ouvre.

Le Prix du Jeune théâtre Béatrix Dussane-André Roussin est attribué à MM. Cyril GELY et Éric ROUQUETTE, pour la pièce Signé Dumas.

Le Prix du Cinéma (Prix René Clair) va à M.Alain CORNEAU, pour l'ensemble de son ouvre.

La Médaille de vermeil de la chanson française a été attribuée cette année à M. Renaud SECHAN.

J'en viens maintenant aux Prix que l'Académie réserve aux personnalités qui ont contribué à assurer, à travers le monde, le Rayonnement de la Langue et de la Littérature françaises.

À quatre d'entre elles, une médaille de vermeil a été attribuée :

À M. Jean-Pierre DOZON, pour Frères et sujets, la France et l'Afrique en perspective.

Anthropologue, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, M. Jean-Pierre Dozon s'est attaché dans cet ouvrage à dégager les relations complexes qui unirent les Français et les Africains à l'époque de la colonisation. Celle-ci, rappelle M. Dozon, a constamment hésité entre l'association et l'assimilation, regardant les Africains comme des frères autant que des sujets. C'est sur la pérennité de ces liens entre la France et les pays qu'elle a menés à l'indépendance que M. Dozon nous invite aujourd'hui à réfléchir, constatant qu'ils ont résisté à toutes les vicissitudes de l'histoire.

À M. Jean MOISSON, pour son action en faveur de la création d'une alliance française à Novossibirsk.

M. Jean Moisson a mis depuis près de quinze ans son talent au service de notre langue et de notre culture. Par les nombreuses conférences qu'il a prononcées dans diverses universités, à l'Académie de la diplomatie et devant les officiers de l'École d'état-major, il a manifesté au peuple russe la proximité intellectuelle de nos deux pays. Il nous plaît de saluer aujourd'hui son action en faveur de la création d'une Alliance française à Novossibirsk, et de rappeler qu'à son initiative le musée consacré à l'escadrille « Normandie-Niémen », en Sibérie, a pu enfin rouvrir ses portes.

À M. Alan SHERIDAN, pour ses traductions de la littérature française en anglais.

Traducteur des ouvres de Sartre, de Lacan, de Michel Foucault et de Mona Ozouf, dont l'Académie couronne l'ouvre cette année, M. Alan Sheridan est par ailleurs l'auteur d'une biographie d'André Gide, appelée à faire date. Saluons l'audace dont il a fait preuve dans ses travaux autant que l'intelligence profonde de notre langue qui s'y déploie.

Et à M. Takis THEODOROPOULOS, journaliste, romancier, éditeur à Athènes.

M. Takis Theodoropoulos a fait ses études en France et il a été journaliste à Paris, puis à Athènes, travaillant pour divers quotidiens et hebdomadaires. Auteur de plusieurs romans, il appartient à la jeune génération de prosateurs grecs. Parmi ses plus récents ouvrages, Le paysage absolu a été publié en français chez Actes Sud.

PRIX DE POÉSIE

Le Prix Théophile Gautier, destiné à « des auteurs de poésie lyrique » a été attribué à M. Richard ROGNET, pour Dérive du voyageur, qui reçoit une médaille d'argent.

Une médaille de bronze du Prix Heredia destiné à « l'auteur d'un recueil de poésie », a été attribuée à M. Maurice THUILIÈRE, pour Assez brève histoire du sonnet.

Une médaille d'argent du Prix François Coppée destiné à « l'auteur d'un recueil de poésie » revient à M. Jean-Claude PIROTTE, pour La Boîte à musique.

La médaille d'argent du Prix Paul Verlaine attribué à « l'auteur d'un recueil de poésie » récompense M. Yves MABIN CHENNEVIÈRE, pour Traité du vertige.

Le Prix Henri Mondor, destiné à « un poète de veine mallarméenne », revient à M. Laurent JENNY, pour La fin de l'intériorité.

PRIX DE LITTÉRATURE ET DE PHILOSOPHIE

Deux médailles d'argent du Prix Montyon ont été attribuées à M. Jacques JULLIARD, pour Le Choix de Pascal et à M. Joël BOUESSÉE, pour Du côté de chez Gabriel Marcel .

La médaille d'argent du Prix La Bruyère revient à M. Jacques ARNOULD, pour Les Moustaches du diable.

La médaille de bronze du Prix Émile Augier récompense M. Jean-Paul ALÈGRE, pour Agnès Belladone.

Le Prix Émile Faguet, prix de critique littéraire, revient à Mme Nadine SATIAT, pour Maupassant . Une médaille d'argent lui est décernée.

Le Prix Louis Barthou, prix de littérature générale, est décerné à M. Jean-Pierre MARTIN, pour Henri Michaux.

Le Prix François Mauriac, destiné à un jeune écrivain, récompense M. Éric FOTTORINO, pour Caresse de rouge, avec une médaille d'argent.

Le Prix Roland de Jouvenel, décerné dans l'intérêt des lettres, récompense M. Gérard CHOLVY, pour Frédéric Ozanam et M. Benoît LE ROUX, pour Evelyn Waugh.

Le Prix Biguet, qui distingue un ouvrage de philosophie ou de sociologie, va à M. François de CLOSETS, pour Ne dites pas à Dieu ce qu'il doit faire.

Le Prix Ève Delacroix récompense l'auteur d'un ouvrage alliant des qualités morales à des qualités littéraires. Il est décerné à Mme Jacqueline DUCHÊNE, pour Place royale.

Le Prix Jacques Lacroix, récompensant un ouvrage sur la vie des animaux a été remis à M. Michel RIBETTE, pour Madame blanche.

PRIX D'HISTOIRE

Le Prix Guizot, récompensant un ouvrage d'histoire générale, a été remis à M. Jean-Pierre RIOUX, pour Au bonheur la France.

Une médaille d'argent a été remise à M. Emmanuel de WARESQUIEL, pour Talleyrand, le prince immobile, au titre du Prix Thiers

Le Prix Eugène Colas, couronnant un ouvrage d'histoire, a été attribué à M. Michel WINOCK, pour Jeanne et les siens.

Le Prix Eugène Carrière, récompensant un ouvrage d'histoire de l'Art, a été attribué à M. Édouard POMMIER, pour Winckelmann, inventeur de l'art. et a décerné une Médaille de bronze à M. Jean-Michel LENIAUD, pour Charles Garnier.

Le Prix Georges Goyau, récompensant un ouvrage d'histoire locale, a été attribué à M. Henri PIGAILLEM, pour Les Grandes Heures de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire.

Le Prix Monseigneur Marcel, destiné à l'auteur d'un ouvrage consacré à l'histoire philosophique, littéraire ou artistique de la Renaissance, a été attribué à M. Claude POSTEL, pour Traité des invectives au temps de la réforme, et a décerné une médaille d'argent à M. Paul CHRISTOPHE, pour Les Carnets du cardinal Baudrillart.

Le Prix Diane Potier-Boès, destiné à « l'auteur d'un ouvrage traitant des rapports entre l'Égypte et la France, ou à défaut d'un ouvrage consacré à l'histoire ou à la civilisation de l'Égypte, ou encore à défaut à l'histoire ou à la civilisation des pays de la Méditerranée » va à Mme Béatrix MIDANT-REYNES, pour Aux origines de l'Égypte.

Le Prix François Millepierres couronne les travaux historiques sur l'Antiquité ou sur l'époque contemporaine. Il a été décerné à M. Philippe CHENAUX, pour Pie XII.

PRIX DE SOUTIEN À LA CRÉATION LITTÉRAIRE

Le Prix Amic a été attribué à M. Gérard FAURE, pour son ouvre et à M. Claude ARNAUD, pour Jean Cocteau.

Le Prix Mottart a été décerné à M. Lucien d'AZAY, pour Tibulle à Corfou.