Dire, ne pas dire

B. (Allemagne)

Le 12 juillet 2016

Courrier des internautes

Je suis allemande et je fais un exposé sur la langue que les jeunes en France utilisent dans leurs messages (Par exemple des abréviations comme aprem pour « après-midi », mdr pour « mort de rire » etc.).

Je me demande ce que pense l’Académie française sur cette tendance.

Est-ce que c’est accepté ?

B. (Allemagne)

L’Académie répond :

En ce qui concerne les SMS, le recul historique manque sans doute un peu pour savoir s’il s’agit d’une menace. Il me semble qu’il y a peu de danger. Il s’agit d’une technique d’abréviation qui a toujours été utilisée. Les étudiants qui prennent leurs cours en notes en utilisent d’autres, les moines copistes en utilisaient d’autres encore. À l’article Tiron (le secrétaire de Cicéron) du Grand Larousse, on trouve ceci : Il se rendit surtout célèbre par les perfectionnements qu’il apporta à la tachygraphie. [ ] Cet art était déjà connu des Grecs ; le poète Ennius fut, dit-on, le premier à Rome qui fit usage de cette écriture abrégée, à laquelle Tiron fit faire de grands progrès. Les notes tironiennes, bientôt perfectionnées par Sénèque, furent bientôt en usage dans tout l’empire et on s’en servit en France pour les actes publics jusqu’à la fin du IXe siècle.

Si les utilisateurs sont capables de percevoir la situation dans laquelle ils écrivent, il n’y a pas de problème. Un bon étudiant utilise des abréviations quand il prend des notes, qu’il n’emploie pas quand il rédige un devoir. Le problème se pose quand des personnes pensent que les formes abrégées sont la norme en toutes circonstances.